“On finirait par devenir fou, ou par mourir, si on ne pouvait pas pleurer” – Guy de Maupassant

Il est presque 15:00, je suis seul, devant mon ordinateur. C’est le mois d’août et nous sommes en vacances près de Bezier. Le temps est idéal, ni trop chaud, ni trop frais, et je bois un café. Toutes les conditions semblent être réunies pour que je sois joyeux, pourtant, je viens de pleurer. Je n’écris pas cela pour essayer de vous attendrir mais pour vous faire part de mon expérience. Car pleurer m’a aidé.

Ma fille Emma est dans sa chambre en train de dormir et ma femme Céline vient de repartir pour l’hôpital. Mon fils Tom, qui est gêné par un problème d’asthme depuis qu’il est petit, a fait une crise et doit y rester en observation jusque demain. Je sais que ce n’est pas trop grave et que mon fils est robuste. J’ai utilisé la technique décrite dans l’article “Comment réagir dans une situation de stress moyen” et cela m’a aidé à garder la tête froide, ne pas sur-réagir et, je pense, à bien gérer cette situation (grâce également à ma femme qui a gardé son sang-froid).  Seulement, quand nous avons fini d’organiser tous les aspects pratiques (qui va dormir avec Tom, qui va s’occuper d’Emma…)  et que la phase d’attente a commencé, j’ai gardé une boule dans la gorge.

C’est le problème avec les émotions négatives : vous pouvez les gérer mentalement, vous pouvez essayer de les dominer et garder votre esprit clair en utilisant votre pragmatisme mais elles arrivent toujours à laisser des traces. Cela peut-être un rappel permanent du problème, qui fait que vous ne pouvez cesser d’y penser ou encore une manifestation physique gênante (courbatures, “fourmillements” dans l’estomac, boule dans la gorge…).

Pour faire face à votre problème et garder la tête froide, il est indispensable d’effacer ces effets néfastes. Une des techniques à utiliser pour cela est simple mais assez efficace : il s’agit de pleurer. Je suis conscient du fait que notre société, basée sur la concurrence, l’apparence et la loi du plus fort, nous fait considérer que seuls les faibles pleurent. Je suis bien placé pour le savoir, je me suis caché avant de pleurer et me suis assuré du fait que personne ne me voie. De plus, je dois avouer que si je voyais un homme pleurer, j’aurais tendance à ne pas le considérer comme émotionellement fort. C’est dommage mais c’est comme ça. Je n’ai pas envie de changer la vision qu’ont les autres des gens qui pleurent. Mais je n’ai pas envie de me priver d’un outil utile dans l’évacuation du stress. Je n’ai pas conséquent ni honte de pleurer, ni honte de me cacher pour le faire 🙂

Le corp humain est bien fait et si l’homme dispose de cette fonction, c’est qu’elle est utile. Vous-êtes vous déjà posé cette question : Pouquoi l’homme peut-il pleurer ? Quelle est la fonction “biologique” qui fait que l’on peut pleurer ? En fait lorsque un évènement stressant nous arrive, des signaux sont envoyés à certaines parties de notre cerveau (hypothalamus, thalamus et rhinencéphale). Sans entrer dans les détails techniques (je ne suis pas un expert dans le domaine) ces signaux entraînent la libération d’hormones du stress et font que certains muscles se contractent. C’est ce qui cause les effets néfastes cités plus haut. Une des parties du cerveau dans laquelle siègent nos émotions, l’hypothalamus, peut alors déclencher les larmes. Cela permet d’éliminer les hormones du stress et détendre les muscles tendus.

Des études ont montré que la composition chimique des larmes dépendaient de leur nature. Les larmes “émotionnelles”, dont il est question ici, seraient plus riches en protéines que les larmes “réflexes” (qui apparaissent en cas de douleur ou quand vous épluchez un oignon). Il apparaîtrait même que le message nerveux qui provoque les larmes émotionnelles entraînerait la production d’endorphine, parfois appelée “hormone du plaisir” car elle est réputé pour procurer une sensation de bien-être et agir comme un anti-douleur.

J’ai utilisé le conditionnel dans ce paragraphe car il existent de nombreuses théories sur les causes et effets des larmes. Cependant, même si les scientifiques ne sont pas tous d’accord sur le sujet, il semble établi que pleurer pour évacuer le stress a un sens d’un point de vu biologique.

Il est 15:30, et il y a un peu plus d’une demi-heure j’ai pleuré. Je n’en ai pas honte. Cela n’a certes pas réglé mon souci, mais ça m’a permis d’évacuer une partie de mon stress. Je vais pouvoir m’occuper d’Emma quand elle se réveillera et je serai en forme quand Tom rentrera à la maison. C’est ça aussi être un bon père : montrer l’exemple en étant “au top” en toutes circonstances. Et s’il faut pleurer pour y arriver, je n’ai aucun problème à le faire.

Alors la prochaine fois que vous rencontrez une situation stressante, n’ayez pas peur de pleurer. Votre problème ne s’évanouira pas comme par magie, mais vous vous sentirez mieux. Vous disposerez alors de toutes vos ressources physiques et émotionnelles pour faire face aux évènements qui vous causent des soucis.

Et si ça ne marche pas dès la première fois, persistez. Vous vous êtes probablement retenu de pleurer pendant tellement longtemps que vous n’y arriverez peut-être pas. Je n’arrive pas toujours à pleurer du premier coup. Aujourd’hui, j’ai dû regarder des photos de Tom et l’imaginer en train de souffrir pour respirer. C’était dûr mais ça a déclanché les larmes. C’est une sorte de méditation… Avec de l’entraînement et de la maîtrise, cette technique deviendra un outil indispensable à votre “boite à outil anti-stress”.

Bonne chance.